Le traumatisme n’est plus une fatalité…
FRANCINE SHAPIRO a découvert et développé l’EMDR (Eyes Movement Desensizitation and Reprocessing, c’est à dire mouvements oculaires de désensibilisation et retraitement).
Elle est chercheur au Mental Research Institute de Palo Alto. Elle est également fondatrice et présidente honoraire des programmes EMDR d’assistance humanitaire, association à but non lucratif qui coordonne des interventions sur les lieux de catastrophes et des formations gratuites dans le monde entier.
Comme beaucoup de méthodes, celle-ci est née d’une observation fortuite.
Francine Shapiro, psychologue américaine, se promenait dans un parc, avec à l’esprit un certain nombre de souvenirs désagréables. En même temps, elle admirait le cadre tout autour d’elle, et elle se rendit compte que plus elle bougeait les yeux de part et d’autre, plus ses souvenirs pénibles s’estompaient.
Elle évoque cette découverte dans un livre co-écrit avec Margot Silk Forrest, écrivain « Des yeux pour guérir », préfacé par David Servan-Schreiber:
« En 1927, Pavlov conjectura qu’il existait dans le cerveau un équilibre entre excitation et inhibition qui était responsable de son fonctionnement normal. Si quoi que ce soit causait un déséquilibre, par exemple une surexcitation, il en résultait une pathologie neuronale, comme un noeud dans le câblage, pour ainsi dire. Pour Pavlov, pour revenir à l’état d’équilibre et soigner une « névrose », il fallait restaurer l’équilibre entre excitation et inhibition.
Cette théorie pourrait également expliquer ce qui se passe dans le sommeil à mouvements oculaires rapides. Les mouvements oculaires rapides surviennent au cours des états de rêve et on commence à avoir des preuves que le rôle des rêves est d’élaborer les vécus de la vie réelle. Il est possible que, lorsque des souvenirs pénibles apparaissent dans les rêves, les mouvements oculaires rapides induisent un effet de détente permettant le traitement psychique de ces expériences.
A cette période, Francine SHAPIRO a posé l’hypothèse que, peut-être les mouvements oculaires pendant le rêve, réciproquement, inhibent la détresse. Si la perturbation de la personne était assez faible, peut-être les mouvements oculaires du sommeil la compensaient-ils. Si la perturbation est trop importante, cependant, elle annule peut-être les effets des mouvements oculaires. C’était peut-être pour cette raison que les personnes ayant subi un traumatisme violent (guerre, accident, attentat) se réveillent au milieu de leurs cauchemars au lieu de les finir.
L’EMDR comprend un ensemble très particulier de procédures pour assister la fonction « digestive » du cerveau que les neurobiologistes appellent le traitement des informations.
Pour un certain nombre de neurobiologistes et de chercheurs sur la mémoire, les traumatismes graves et les expériences pénibles que l’on subit dans sa vie sont stockés sous la mauvaise forme de mémoire: au lieu d’être stockés dans la mémoire « explicite » ou « narrative », où l’on peut se rappeler sans souffrance, ils se trouvent stockés dans la mémoire « implicite » ou « non déclarative », où ils contiennent les émotions et les sensations physiques qui faisaient partie de l’événement initial.
Les mouvements oculaires adoucissent les images et les émotions négatives, et favorisent les connexions avec des informations nouvelles qui sont nécessaires pour que le traitement de l’information s’enclenche.
Toutes les thérapies ont leur place, mais un des avantages de l’EMDR est qu’il ne faut pas longtemps pour savoir si elle vous apportera des bénéfices. Chaque fois, les rapports des études notent une réduction de la détresse au cours de la 1ère séance et l’élimination des effets d’un traumatisme unique en 3 séances.
Pour plusieurs traumatismes, il n’est pas indispensable de traiter chaque vécu traumatique, mais il faudra néanmoins une thérapie plus longue.
Pour que la thérapie EMDR soit complète, votre thérapeute doit vous enseigner une technique de self-contrôle, comme celle de « l’endroit sûr ». Cette technique vous aidera à gérer vos émotions pendant la thérapie. Le thérapeute doit également faire un relevé complet de votre histoire pour identifier: les événements antérieurs qui ont crée les conditions de vos difficultés actuelles, les situations présentes qui provoquent chez vous la perturbation, et les compétences et les comportements qui vous seront nécessaires dans l’avenir.
Francine Shapiro pense que les traumatismes non résolus passent à la génération suivante, que ce soit d’un membre de la famille à un autre, ou par l’intermédiaire de la colère.
L’opinion qu’on a de soi-même est fondée sur nos expériences antérieures. Toute personne qui a l’impression qu’on ne peut pas l’aimer, qu’elle n’a d’utilité pour personne, qu’elle ne vaut rien ou qu’elle est coupable peut savoir rapidement si l’EMDR peut l’aider.
Une bonne thérapie, c’est une interaction entre un client, un thérapeute et une technique.
Avec sa combinaison particulière d’éléments, l’EMDR ne travaille pas seulement sur les sentiments pénibles de la personne, mais également sur les pensées, les sensations physiques et les comportements liés à ces sentiments. En EMDR, beaucoup de clients trouvent que la technique, pour résoudre leurs souvenirs traumatiques, en réactive d’abord certains aspects. Certaines séances d’EMDR peuvent donc être éprouvantes.
Le processus de guérison débute lorsqu’on libère l’information stockée dans le cerveau et qu’on lui permet d’émerger.
Les symptômes de SSPT (Syndrome de Stress Post-Traumatique – ou PSTD Post Traumatic Stress Disorder) couvrent 2 classes de comportements simultanés et diamétralement opposés.
Dans l’une, la personne traumatisée ne peut s’éloigner de son traumatisme: elle est forcée de revivre l’événement initial à travers des symptômes intrusifs comme les flash-backs, les cauchemars, les crises d’angoisse et les idées obsédantes. Dans l’autre, elle ne peut s’en approcher: elle est obligée de s’écarter ce qui lui rappelle le traumatisme par des symptômes d’évitement comme l’isolement social, l’anesthésie émotionnelle ou l’abus de substances.
Les victimes de traumatismes ont aussi des réactions physiologiques comme l’insomnie, l’hypervigilance et la tendance à être effrayées facilement par tout ce qui rappelle le traumatisme, un son ou un contact particuliers par exemple. »
Voici comment Francine Shapiro explique cette découverte dont il est aujourd’hui reconnu qu’elle offre une alternatives efficace aux autres méthodes pour accompagner les personnes ayant subi des traumatismes.
David Servan Schreiber introduit cette méthode en France, et la présente comme un des seuls traitements ayant prouvé son efficacité dans le traitement des syndromes de stress post-traumatique.
Il fonde et dirige l’Institut français d’EMDR, ainsi que l’association regroupant les praticiens français de cette méthode de psychothérapie (EMDR-France).
Comme pour l’hypnose ericksonienne, deux courants s’opposent aujourd’hui: celui de la vulgarisation et celui du domaine réservé.
Lili Ruggieri, Psychopraticienne intégrative, hypnothérapeute et sexothérapeute, créé la méthode RITMO* (Reprogrammation des Informations Traumatiques par les Mouvements Oculaires) , apparentée à l’EMDR, tout en étant reliée à l’hypnose et à la PNL(Programmation Neuro Linguistique).